Nous aimons aborder différents sujets qui ont trait à la culture grecque. Aujourd’hui, nous allons parler des religions catholique et orthodoxe qui ont une origine chrétienne commune et qui se sont émancipées l’une de l’autre.
Lorsque nous arrivons en Grèce, les églises et les croix sont omniprésentes, comme en France d’ailleurs. De nombreuses fêtes ou pèlerinages ont lieu dans celles-ci, ce qui est moins le cas chez nous. Déjà, la Constitution de la Grèce, dans son article 3, indique que la religion du pays est la religion orthodoxe grecque, ce qui est contraire à la laïcité instituée en France. Et puis il y a l’impact social depuis toujours de la religion grecque. Elle rythme le calendrier annuel par les célébrations religieuses, elle organise la vie par les activités annexes qu’elle initie (banquets, spectacles musicaux, fêtes populaires), elle participe à la convivialité et à la solidarité entre habitants.
Nous vous proposons de balayer les particularités de la religion orthodoxe et de rappeler celles de la religion catholique.
Tout d’abord la religion chrétienne est apparue au Moyen Orient au fil des siècles qui ont succédé à la venue de Jésus Christ, puis de ses disciples avec la rédaction des évangiles puis des Grands Prêtres ou Pères de l’Église qui l’ont définie dans ses textes, dans sa liturgie, ses dogmes et qui l’ont promue. On considère que l’avènement du christianisme a lieu en 325 ap. J.C., avec sa reconnaissance par l’empereur romain Constantin, puis avec son adoption définitive en 392 par l’empereur romain Théodose, qui le proclame comme religion officielle de l’empire romain et interdit les autres cultes.
A cette époque 5 grandes villes revendiquent la promotion de cette nouvelle religion : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem. Des tensions apparaissent malgré les différentes rencontres des évêques sur la fixation du dogme, de la Trinité, du fonctionnement du culte. Les Eglises des deux premières capitales s’opposent et finissent par se séparer. On parle du Schisme de 1054 où l’Église de Rome devient l’Église catholique romaine et l’Église de Constantinople devient l’Église orthodoxe (ce mot provenant du grec : ορθός = droit, juste, vrai et du mot : δόξα = croyance. D’où la vraie croyance serait l’orthodoxie !).
A partir de ce schisme, chaque culte chrétien se matérialise par des formes et des rites différents.
Ainsi, les chants dans les églises orthodoxes sont plus nombreux. Les prières sont psalmodiées. Pour permettre aux fidèles de se prosterner, le nombre de bancs est limité dans ces églises. L’autel très visible où officie le prêtre catholique est caché derrière une cloison décorée d’icônes que l’on appelle iconostase dans l’église orthodoxe.
Cette dernière est plus richement décorée de reliques et d’ornements dorés comme ses extérieurs et surtout ses toits. Au moment du baptême, le pope immerge totalement l’enfant signe d’une soumission totale à Dieu tandis que le prêtre catholique ne fait que verser de l’eau bénite sur le front. Lors de la célébration de l’Eucharistie, le prêtre utilise du pain sans levain azyme tandis que le pope propose un pain levé qu’il bénit, confectionné par un boulanger le matin même et qu’il découpe pour les fidèles. Plusieurs pains sont d’ailleurs bénits puis distribués, les fidèles repartant chacun avec le pain de l’Eucharistie.
La communion est célébrée avec le baptême chez les orthodoxes alors que dans l’Église catholique l’enfant doit pouvoir se confesser avant de recevoir le sacrement de la communion.
Depuis la décision de Pie V en 1570, les catholiques exécutent leur signe de croix avec la main et les cinq doigts dans le prolongement de la paume puis débutent par le toucher de la tête et de la poitrine, puis de l’épaule gauche et de celle de droite.
Pour les orthodoxes, le signe de croix est exécuté avec trois doigts dépliés et l’annulaire, l’auriculaire étant repliés sur la paume. Cette position de la main rappelle pour les catholiques les cinq blessures de Jésus (crucifixion, pieds et mains cloués, flan percé par la lance) tandis que pour les orthodoxes on rappelle la Sainte Trinité et avec les doigts repliés la double nature de Jésus (humaine et divine). Petite différence, les orthodoxes terminent le signe de croix par l’épaule gauche.
Les prêtres catholiques sont célibataires et le plus souvent rasés. Les diacres peuvent être mariés avant l’ordination mais ils ne peuvent célébrer certains sacrements comme l’eucharistie, la réconciliation.
Le pope peut être marié avant son ordination. S’il divorce, il redevient laïc. S’il devient veuf, il ne peut se remarier. Il se laisse pousser la barbe comme en témoignent les icônes représentant Jésus. En revanche, les évêques ne peuvent être mariés. Ils sont considérés comme des moines et ne peuvent mutiler leur corps. Leur barbe est souvent longue et mal taillée.
Pour les orthodoxes, le Saint Esprit procède du Père, tandis que pour les catholiques, il procède du Père et du Fils.
La Vierge Marie, Mère de Dieu, est immaculée quand elle conçoit son enfant Jésus et le met au monde. Toutefois, si Marie est immaculée à sa conception pour les catholiques, elle ne l’est que lorsqu’elle dit « oui » à l’archange pour les orthodoxes.
La Vierge est considérée par les catholiques comme étant enlevée aux cieux, c’est l’Assomption. Pour les orthodoxes, la Vierge meurt comme une mortelle, c’est la Dormition. L’approche du pêché est aussi différente. Les catholiques voient une nature prédisposée au mal, notamment en raison de la concupiscence que tout être humain porte en lui, tandis que les orthodoxes voient l’homme né libre sans être préservé du mal certes. La nature est plus encline au bien chez les Grecs si elle ne rencontre pas le mal.
En ce qui concerne l’organisation, l’Église catholique est pyramidale dirigée par son chef, le Pape représentant historique du premier apôtre Pierre, évêque de Rome. Ses décisions sont infaillibles suivant le concile Vatican 1 en 1870.
L’Église orthodoxe est plus collégiale. Les questions sont soumises à un Synode (assemblée des évêques) et d’un Conseil Œcuménique. Le chef de l’Église orthodoxe est le Christ. Il existe deux organisations religieuses en Grèce depuis 1913 : l’Eglise de Grèce qui administre plutôt le sud du pays et le Patriarcat œcuménique de Constantinople qui gère le Nord du pays et quelques régions annexes (Crète, Mont Athos, Dodécanèse ajoutées postérieurement). L’ensemble totalise 80 évêques qui élisent l’archevêque d’Athènes et de toute la Grèce.
Enfin, dernier élément de comparaison entre les deux religions objets de notre article, la religion catholique utilise le calendrier grégorien depuis 1582 alors que la religion orthodoxe programme ses célébrations suivant le calendrier Julien introduit par Jules César en 46 av. J.C. Il s’ensuit des dates différentes pour les fêtes les plus importantes comme celle de Pâques. Elle aura lieu dimanche 31 mars en France et le 5 mai en Grèce.
Voilà un constat rapide des différences de formes entre les cultes catholique et orthodoxe. Il nous reste certainement à comprendre les discours prononcés lors des célébrations grecques et certainement à retourner aux célébrations catholiques pour établir un autre comparatif sur le fond cette fois. Un très bon exercice à venir et certainement plus difficile dans la compréhension de nos deux mondes chrétiens.
Texte de JP Gandelin
photo GANDELIN PASSIONS