Le printemps arrive et son premier mois, Mars, apporte avec lui sa coutume très ancienne, sympathique et associée à des vœux de bonheur : le bracelet blanc et rouge du mois de Mars.
Nous n’en avons pas fini de découvrir les traditions et la culture grecque. Les magasins de souvenirs, de vêtements, de bijoux arborent sur leurs devantures dès le début du mois de mars des petits bracelets faits de fils torsadés rouge et blanc. Et dès la fin de ce même mois ils disparaissent des étals et il faudra attendre l’année suivante pour en acquérir. Une fois de plus nous constatons la ferveur du peuple grec pour son histoire et sa civilisation vivante, expressive et communicante. Les touristes que nous sommes, restons admiratifs de découvrir encore au fil du temps des traditions.
Le bracelet de Mars est une très ancienne coutume qui existe dans les Balkans où chaque pays possède sa propre interprétation. En Grèce on croit qu’il a des racines dans les mystères d’Éleusis de la Grèce antique où les fidèles liaient un fil que l’on appelle Kroki au bras droit comme à la jambe gauche. Ce terme kroki provient du mot grec « ο κρόκος » qui veut dire « le jaune, le safran ». Les mystères d’Eleusis était une forme d’enseignement religieux pratiquée dans la banlieue d’Athènes où était implanté un temple dans lequel on célébrait différents dieux comme Demeter, Perséphone, Hades, Dionysos, divinités associées au culte de la terre, de la végétation et des morts. Les fidèles dénommés « mystes » accédaient à des révélations lors de cérémonies rituelles telles que communions, baptêmes.
Ce bracelet particulier blanc et rouge est connu sous plusieurs noms tels Martaki, Martia, Marti. Il est confectionné soit le 28 ou le 29 Février et est porté au poignet à partir du 1er Mars jusqu’à la fin de ce mois. Cette coutume populaire se maintient car le bracelet est réputé protéger du soleil principalement les visages des enfants qui le portent puisque le premier soleil de printemps occasionne parfois des coups de soleil inattendus. Il aide aussi à se protéger d’autres maladies potentielles. Certains améliorent sa présentation et complètent les fils par des décorations annexes. Ainsi on ajoute un œil sorte de talisman pour se protéger des mauvais esprits et des mauvais sentiments (malédiction) que l’autre pourrait nous envoyer. Ainsi confectionné le bracelet de Mars est chargé de plusieurs symboliques.
Ce bracelet est donc porté tout le mois de Mars puis ôté pour finir soit brûlé avec le cierge de la Résurrection soit posé dans les fleurs et notamment des roses, dans les arbres et plus spécialement dans les arbres fruitiers pour faciliter leur floraison. De plus on espère aussi que la première hirondelle de printemps s’emparera des fils pour construire son nid ou que les récoltes seront abondantes. En Bulgarie on porte le Marti au revers de la veste et on se l’offre entre membres de la famille comme porte-bonheur synonyme de santé et de prospérité. Certains le posent sur une pierre et si le lendemain ils trouvent un ver ou un asticot alors toute l’année sera heureuse. On le porte également en Roumanie où le fil rouge est lié à la beauté et le fil blanc à la pureté.
Nous ne pensions pas que de simples bracelets en fils torsadés rouge et blanc pouvaient à ce point marquer les esprits. Nous n’avons pas hésité à l’acheter et à le porter au poignet. Nous restions dans l’expectative de son pouvoir sur l’homme et immédiatement nous avons été surpris par son effet immédiat : – nous étions heureux parce que de nombreuses personnes dans la rue nous regardaient avec un sourire de reconnaissance, d’approbation, de partage.
Texte de JP Gandelin