Cette année en parcourant la Crète nous nous sommes intéressés encore à la période minoenne et plus particulièrement à l’astronomie. Nous avons cherché des informations tout d’abord sur le disque de Palaikastro et nous avons visité le musée d’Agios Nikolaos pensant y trouver l’histoire de ce fameux disque. Mais tous les éléments historiques relatifs à cet objet sont présentés au musée d’Héraklion ou sur des publications notamment celles du professeur Minas Tsikristis. Quant au musée d’Agios Nikolaos il vaut quand même le détour car il possède une grande variété de poteries dont une partie exhumée à Palaikastro, petite bourgade de l’extrême Est de Crète. Cela permet de vérifier qu’en -2000 av. J.C. on cuisinait dans des marmites en terre cuite pour manger des viandes braisées comme c’est le cas de la viande de chèvre sauvage qui ne supporte pas la cuisson à même la flamme au contraire de l’agneau rôti à la broche.
Nous vous proposons donc une description du disque de Palaikastro qui est beaucoup plus vieux que le mécanisme d’Anticythère puis de revenir sur ce dernier.
Quand on parle du disque de Palaikastro, il s’agit déjà de l’imaginer, car l’objet exhumé lors des fouilles archéologiques en 1899 est un panneau de schiste sculpté sur lequel on voit nettement le disque, une double hache et une figurine. Cet objet gravé est daté entre 1650 et 1450 av. J.C. Le professeur Minas Tsikristis nous informe que le disque servait à calculer la latitude du lieu d’observation et de prédire les éclipses solaires ou lunaires. Le disque comprend une couronne hérissée de petits triangles permettant de viser une cible (soleil, lune), deux lignes formant deux diamètres se croisant à angle droit, des cercles de différents diamètres. L’ensemble forme un genre de règle à calcul et nécessite l’association de plusieurs disques pour interpréter le calcul. Ainsi il était possible d’aligner le soleil, la lune, la terre en fonction des dates pour prévoir une éclipse. Selon Minas Tsikristis, les motifs dessinés étaient similaires à ceux figurant sur des instruments égyptiens utilisés à la même époque montrant ainsi la circulation des savoirs scientifiques dans la région.
Plus précisément Minas Tsikristis indique que le cercle extérieur représentait la course du soleil tandis que les cercles intérieurs étaient liés à la période de révolution de la lune. En plaçant une aiguille et en s’aidant des points d’intersection, on pouvait visualiser les dates où le soleil et la lune s’alignaient et cela correspondait aux périodes d’éclipse. Le diamètre du disque est de 22cm ce qui offrait la possibilité de le transporter facilement d’où la possibilité de relever la latitude du point d’observation. A cette époque l’astronomie était une science associée aux cultes des dieux et le soleil était l’un d’eux. Aujourd’hui encore nous sommes étonnés par la puissance de la lumière qui inonde la Crète en été et celle de la lune lors des nuits de pleine lune.
Quant au mécanisme d’Anticythère, des pêcheurs d’éponges le découvrirent en 1900 près d’une épave sous marine d’un bateau romain et remontèrent un objet en cuivre formé de plusieurs roues. Il fut le sujet de plusieurs recherches en fonction de l’évolution des savoirs et des techniques d’analyse du mécanisme. Cet objet est présenté au musée d’Athènes et est daté du II° siècle av. J.C. Sa conception plus récente avec 34 engrenages montre qu’il a bénéficié des études menées par des mathématiciens comme Apollonius de Perge (262 – 190 av. J.C.) et Hipparque de Nicée (190 – 120 av. J.C.). Le mécanisme équipé de plusieurs roues dentées était capable d’indiquer les dates pour plusieurs formes de calendriers, de suivre la longitude du soleil et de la lune, de prévoir les éclipses, de représenter les périodes de révolution planétaires, de calculer la position des planètes, d’afficher les phases lunaires, et même d’indiquer les dates des jeux panhelléniques. Les chercheurs interprètent l’affichage planétaire gravé sur le mécanisme comme une représentation des planètes connues par les Grecs : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne. Les scientifiques estiment que ce mécanisme est le résultat pratique des théories mathématiques d’Apollonius de Perge et d’Hipparque de Nicée.
Apollonius, originaire de Perge située en Turquie actuelle a fréquenté les écoles d’Alexandrie. Il a expliqué les courbes elliptiques, les paraboles, les hyperboles. Il est devenu le géomètre des mouvements célestes. Il a étudié également le mouvement irrégulier des planètes et leurs orbites. Ptolémée (II° siècle ap. J.C.) reprendra ses enseignements.
Hipparque, originaire de Nicée située en Asie Mineure, mathématicien et géographe s’installera à Rhodes et sera considéré comme le plus grand astronome de l’Antiquité pré-ptolémaïque. Il découvre la modélisation des équinoxes, il établit un catalogue de 850 étoiles, il met au point le calcul des positions des planètes en degrés, il précise la mesure de la distance terre-lune, du diamètre apparent du soleil. Ces études correspondent aux résultats obtenus avec le mécanisme d’Anticythère. Au-delà des théoriciens on imaginera le travail d’orfèvre des artisans qui ont produit ce fameux mécanisme et la précision d’exécution des différentes pièces de cuivre !
Comme souvent nous sommes admiratifs de cette civilisation grecque et nous comprenons plus facilement qu’elle a constitué les fondements de notre civilisation.
JP GANDELIN
Pour approfondir le sujet : A MINOAN ECLIPSE CALCULATOR
https://www.academia.edu/18826837/A_Minoan_eclipse_calculator







