La langue grecque
L’histoire de la langue grecque. Le grec est une langue parlée depuis environ 3500 ans, les tablettes mycéennes étant les premières formes d’écriture, déchiffrables à ce jour, qui permettent de lire ou comprendre cette langue mais elle pourrait aussi provenir d’un dialecte indo-européen dont certaines formes sont communes dans différents dialectes. Plusieurs types de langue se succédèrent dans le temps.De 1500 à 330 av. J.C. le grec ancien ou l’attique issu de 4 familles de dialectes (éolien, ionien-attique, dorien, arcado-chypriote) elles-mêmes nées dans différentes régions sans unité politique à l’époque. L’attique sera la langue utilisée par Platon, Thucydide, Aristophane, Eschyle, Sophocle, Euripide. Ce dialecte à l’époque fut considéré comme un idéal de clarté, de nuance et d’élégance. Puis lors de la période de 330 av. J.C. à 330 après J.C. (période helléniste et romaine), Philippe de Macédoine (-359 ;-336) donne à la Grèce qu’il conquiert une unité politique et linguistique en généralisant le dialecte attique puis son fils Alexandre le Grand (-356 ;-323) diffusera ce dialecte dans tout l’Orient. Les textes issus de la traduction de la Bible par les septante au IIéme siècle av. J.C. sont une information précise sur la nature du grec utilisé à cette date. Toutefois la langue se dénature en se vulgarisant. Elle devient la Koïné et des réactions de puristes naissent de cette simplification linguistique. On parle alors d’atticisme qui consiste à promouvoir la langue originelle. Des dictionnaires atticistes sont recopiés, diffusés et leur utilisation est encouragée jusqu’au XI° siècle par l’Eglise également, et de plus, les usages et les formes condamnables sont répertoriés. De fait la langue grecque comprend une langue simplifiée et populaire d’une part, et une langue dite savante d’autre part. C’est une situation particulière que l’on appelle la diglossie.
En outre à partir de la conquête romaine en 146 av. J.C. la Grèce est aussi en situation de bilinguisme puisque le vainqueur impose sa langue, le latin.
L’Empereur Constantin fonde en 330 sa nouvelle capitale Constantinople. Alors que le latin supplante les langues gauloise et ibérique, il ne parvient pas à s’imposer définitivement en Grèce car la langue grecque redevient la langue officielle dans le temps. Après 1204 les croisades amènent en Orient de nouveaux conquérants et de nouvelles langues. Le grec est écrit en caractères latin dans les régions occupées (Crète occupée par Venise, Chypre conquise par les Francs,..) et la Koïné évolue encore tandis que la langue attique ou langue savante devient incompréhensible pour le peuple. Cette situation perdure sous l’occupation turque (400 ans), l’Eglise orthodoxe étant le principal défenseur de la langue savante et administrateur des sujets grecs sous l’autorité du Sultan. En 1830 au moment de la libération grecque la situation linguistique est celle de la Tour de Babel. La langue populaire est parlée sous la forme de plusieurs dialectes et la langue savante n’est employée que par les intellectuels. Et c’est ainsi que le roi Othon en provenance d’Allemagne qui devient le premier roi de Grèce instaure l’allemand pour langue officielle ! Puis il est choisi une langue mixte issue de la langue savante et de la langue populaire dénommée Katharevousa (langue pure). Cependant le peuple continuera d’utiliser la langue populaire, le démotique. Des écrivains en 1880 prennent fait et cause pour cette langue populaire.Durant une bonne partie du XX° siècle la Grèce vit une véritable guerre linguistique. L’Eglise, l’Etat et les partis politiques de droite utilisent la Katharevousa. Avec les débuts de la télévision dans les années soixante, l’évolution des technologies et de la modernisation entraîne une reconnaissance de la langue populaire même si les pouvoirs autoritaires tentèrent de revenir à la Katharevousa. Finalement en 1975 avec le retour de la démocratie, l’Etat tranche en faveur de la langue démotique qui devient officielle en 1976. En 1981 le gouvernement Papandréou réforme partiellement la langue avec le système des accents, seul l’accent tonique étant conservé. Aujourd’hui, il est interdit en Grèce de rédiger un document officiel en Katharevousa sauf à Chypre. Ainsi va l’histoire !
Source : Julien Calvié Universitaire Montpellier – Texte : JP Gandelin